Les multiples rencontres récentes en Russie ont été l’occasion de réaffirmer plusieurs alliances déjà existantes et ouvrir la voie à d’autres, dans un cadre où la Russie, la Chine et le Sud global joueront ensemble un rôle clé dans les affaires internationales contemporaines.
Le 80e anniversaire de la Victoire de l’URSS sur le nazisme était non seulement extrêmement important au vu de ce que représente cette commémoration pour le peuple multiethnique de Russie et la large majorité des nations ayant appartenu à l’Union soviétique, mais était d’autant plus notable grâce à la présence de nombreux chefs d’État appartenant à la majorité mondiale non-occidentale, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Et au-delà de la célébration commune du Jour de la Victoire, commémorant les énormes sacrifices des peuples soviétiques pour anéantir la peste brune nazie, l’événement dans la capitale russe Moscou était aussi l’occasion de mettre en valeur les alliances et partenariats stratégiques de première importance dans le cadre du monde multipolaire moderne.
Dans un monde désormais décomplexé où la majorité globale et le véritable monde libre comprennent que le monde tourne précisément autour de ceux qui représentent cette majorité, et non pas autour d’une minorité planétaire, une attention évidemment particulière était axée sur l’axe russo-chinois. La présence du président chinois Xi Jinping aux côtés du président russe Vladimir Poutine, de longues heures de pourparlers conjoints, et les déclarations réciproques n’ont à nouveau pas laissé l’ombre d’un doute : les relations Russie-Chine sont plus puissantes que jamais.
À ce titre, le leader de la République populaire de Chine a laissé un message sans équivoque : «Tant que la Chine et la Russie maintiendront leur résolution et leur coordination stratégiques, aucune force ne pourra les empêcher d’atteindre leur développement et leur revitalisation respectifs, aucune force ne pourra ébranler les fondements solides de l’amitié de longue date entre les deux peuples, et aucune force ne pourra freiner la tendance dominante vers un monde multipolaire et une mondialisation économique». Il s’est également déclaré prêt à rester en communication étroite avec Vladimir Poutine pour dessiner le cours des relations sino-russes et apporter des contributions aux progrès de la gouvernance mondiale.
De son côté, Vladimir Poutine a souligné que la Russie et la Chine se sont toujours tenues ensemble dans la solidarité et se sont soutenues mutuellement, forgeant une amitié indestructible. Le président russe a ajouté qu’il était disposé à maintenir une communication stratégique étroite avec son homologue chinois, à fournir des conseils stratégiques pour le développement des relations bilatérales, à répondre conjointement aux défis d’un paysage international complexe, à approfondir la coordination stratégique complète, à sauvegarder les intérêts communs des deux pays et à favoriser le développement d’un monde plus équitable, plus démocratique et multipolaire.
Pour le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, la visite du président Xi Jinping en Russie a été un succès total, démontrant que les relations entre les deux pays sont solides comme un roc et que le monde a besoin de justice, et non pas d’hégémonie. Toujours selon le ministre chinois des Affaires étrangères, les tentatives visant à creuser un fossé entre la Chine et la Russie ne sont que des illusions creuses. Confirmant par la même occasion les analyses précédentes d’Observateur Continental.
Au-delà de l’orientation sino-russe fortement stratégique, la célébration du Jour de la Victoire de l’URSS sur le nazisme et les multiples rencontres ayant eu lieu à Moscou durant cette période ont été l’occasion de rappeler aussi plusieurs autres alliances qui se sont mises en place dans le cadre de l’ère contemporaine. Parmi les moments forts et émouvants, les remerciements du président russe aux officiers de la République populaire démocratique de Corée présents sur la Place Rouge, ayant dirigé les troupes de la RPDC qui ont combattu aux côtés des Forces armées russes dans le cadre de l’Opération militaire spéciale. Des remerciements sincères et qui renforcent plus que jamais l’alliance, y compris militaire, entre la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée.
Aussi, l’affirmation une nouvelle fois de l’alliance entre la Russie et les pays membres de l’Alliance-Confédération des États du Sahel (AES), aussi bien à travers la présence du chef d’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, dont la posture et les choix stratégiques suivent fermement l’héritage du grand Thomas Sankara, que des ministres de la Défense des trois pays de l’AES, Mali, Niger, Burkina Faso, représente l’autre orientation importante. À cet effet, la rencontre entre Vladimir Poutine et Ibrahim Traoré, que les réunions de travail entre le ministre russe de la Défense Andreï Belooussov avec ses homologues nigérien, malien et burkinabè, en l’occurrence Salifou Modi, Sadio Camara et Célestin Simporé, ont été la parfaite occasion pour rappeler que la Russie et les nations de l’AES partagent une relation précisément d’alliance.
Une relation appelée à se renforcer encore plus prochainement et confirmant que le Mali, le Burkina Faso et le Niger font partie des principaux alliés de l’État russe sur le continent africain. Cela sans oublier que les relations de type Russie-RPDC et Russie-AES peuvent donner naissance à quelque chose de fort intéressant prochainement.
À cet égard, la commémoration du 80e anniversaire de la Victoire de l’URSS sur le nazisme était également l’occasion pour les nations du Sud global fermement opposées au néocolonialisme occidental à commencer déjà de forger d’autres alliances futures. La rencontre fort positive entre les présidents burkinabè et vénézuélien, Ibrahim Traoré et Nicolas Maduro, symboliquement à Moscou, peut en effet ouvrir la voie à de nouvelles alliances entre les nations véritablement libres d’Afrique et d’Amérique latine. Des orientations que la Russie et la Chine seront largement prêtes à soutenir.