La rhétorique belliciste et va-t-en-guerre des Occidentaux, signe de mythomanie et du syndrome d’hubiris, est souvent engoncée et véhiculée par la désinformation et la diversion. Les médias mainstream n’informent pas, ils façonnent les esprits. Les médias occidentaux et leurs sbires manipulent, désorientent, falsifient et altèrent les faits et la réalité pour échafauder un système cognitif qui s’adapte à leurs aspirations et leurs désirs. Cette incrustation abyssale s’intensifie, s’accentue et prend des formes et des mesures plus importantes et plus manifestes lorsque l’hégémon comprend qu’il est dans la mire et ressent la glissade sur la pente.
Le déferlement de la vague de la multipolarité ne passe pas inaperçu. Les guerres ne sont qu’une de ses manifestations majeures. Le vrai enjeu est ailleurs. La déliquescence de l’hégémonie américaine bâtie sur des coquilles vides capricieuses et insidieuses dont essentiellement la liberté d’expression, la démocratie et les droits humains demeure l’ultime objectif stratégique du Sud global. La Russie, la Chine et l’Iran représentent la pierre angulaire de cette mouvance. L’occident et leur maître en sont parfaitement conscients.
Hier
Les manœuvres subversives des EU et d’Israël le vendredi treize juin ont été perpétrés alors que des négociations ont été menées entre les Iraniens et les Américains pour soi-disant converger vers un accord sur l’issue de l’enrichissement de l’uranium en Iran. Tout le monde s’accorde à dire que ce n’est qu’un nième accord de Minsk pour bien endormir/neutraliser les Iraniens et préparer à leur guise la manœuvre.
L’assombrissement et l’enfumage restent les ficelles de manipulation et de désinformation les plus utilisés comme instruments de diversion, d’exutoire et de tromperie pour faire tomber l’adversaire dans les bras de Morphée. L’astuce n’a pas échappée à Trump /Netanyahou et leur proche du cercle vicieux. Alors qu’il paraît que les préparatifs étaient minutieusement conçus pour ébranler et déstabiliser les structures iraniennes, deux épines dorsales se collent ardemment et constamment à leurs démarches, d’une part. Il semble de plus en plus évident que leur système de renseignements est incapable de connaître de quel feu se chauffe son adversaire et d’autre part, ils n’ont aucune réponse sur l’après-guerre, sauf peut-être l’escalade.
La deuxième fourberie pour détromper l’Iran et bien sûr l’opinion publique était la déclaration de Trump consistant à réserver deux semaines avant de prendre une décision sur l’attaque des sites nucléaires iraniens. Le bombardement des trois sites nucléaires iraniens a été mené le lendemain de cette déclaration et c’était attendu, non pas parce que trop d’indications raisonnaient à très haute voix, mais tout simplement parce qu’on s’est habitué à ce genre de manigances et de manèges. Sauf les crédules ne se laissent jamais piquer deux fois par une vipère. Un adage en arabe dit, «celui qui se fait mordre par une vipère a peur d’une corde». La réplique des Iraniens ne s’est pas faite attendre longtemps.
Les dégâts étaient dévastateurs chez les Israéliens : des cibles militaires telles que le QG et le centre logistique du Mossad et les bases aériennes, des cibles scientifiques telles que l’institut Weizmann et le centre de recherche nucléaire, des cibles économiques telles que l’aéroport de Ben Gourion et le port d’Hilat, des cibles financières telles que la bourse de Tel-Aviv et des cibles sociales telles que les hôpitaux et les résidences et les logements d’habitation. Nombreux sur ce site et ailleurs ont confirmé que si l’Iran poursuivait sa lancée de missiles sur Israël, son sort serait catastrophique. Israël a usé de tous ses pouvoirs pour empêcher la vulgarisation de ce qui se passait pendant ces douze jours de guerre.
Dans son article d’hier sur RI «Voilà la preuve pourquoi Israël a perdu la guerre» Mike Withney a écrit : «On cache au peuple américain pourquoi Israël a accepté un cessez-le-feu avec l’Iran. Certes, Israël était rapidement à court d’intercepteurs de défense aérienne (le rendant plus vulnérable aux attaques iraniennes). Mais cette question n’est que secondaire. La véritable raison pour laquelle ils voulaient un cessez-le-feu était qu’ils étaient systématiquement pulvérisés et devaient arrêter l’hémorragie au plus vite. C’est pourquoi Israël a «jeté l’éponge» moins de deux semaines après la première salve, car l’Iran décimait une cible après l’autre sans fin en vue. Alors, Israël a capitulé».
Aujourd’hui
Le cessez-le-feu a été accepté par l’Iran et par Israël. Des deux côtés il y’a des dégâts, certes. Mais il s’avère que les Américains et les Israéliens ont manifestement vite compris qu’ils ont ouvert la boîte de pandore et ils n’ont nullement envisagé ce qui les attendait de l’autre côté de la rive. Les Israéliens ont compris qu’ils se sont adressés à un poids lourd alors que leur entraînement dur et âpre restait limité à la catégorie des poules. Ils ont compris que le combat n’est pas destiné à leur catégorie. Point final.
Du côté des Iraniens l’étau à été plus resserré en termes de conditions. Le vice-président du Parlement iranien, Hamid Reza Haji Babaei, a notifié que l’Iran avait adopté une loi suspendant la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et interdisant l’installation de caméras de surveillance, ainsi que l’accès du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, à ses sites nucléaires. Cette décision a été prise après avoir découvert que certaines informations récupérées par l’agence lors de ses visites d’inspection des sites d’enrichissement d’uranium ont été récupérées par les renseignements israéliens et américains.
Il n’y a pas le moindre doute que l’Iran dispose de suffisamment de centrifugeuses et d’au moins 400 kg d’uranium hautement enrichi apparemment caché quelque part en Iran. Du coup, l’Iran reprendra sans doute le traitement. Plusieurs indices corroborent cette thèse, notamment les photos de dizaines de camions deux jours avant les bombardements américains qui transportaient sûrement les produits utiles.
En dépit de la «Fatwa» de Ali Khamenei le chef suprême de l’Iran concernant la non fabrication de l’arme nucléaire, les ambitions nucléaires de l’Iran comme le font remarquer les experts de l’Atlantic Council ne sont plus qu’une question de sécurité, mais deviennent compte donné des derniers événements un élément qui fait partie de son identité nationale. Et tout le monde ne doute aucun instant de la relance de cette guerre autrement. Et bien sûr l’Iran à la première loge.
L’Iran continue d’agiter la carte du détroit d’Ormuz et celle de l’utilisation de ses partenaires stratégiques de l’axe de résistance, Ansarullah du Yémen, Hezbollah du Liban mais pas que, al Kataeb islamique en Irak et bien sûr Hamas et autres aux territoires occupés en Palestine.
Enfin, il ne faut surtout pas négliger le rôle très discret que la Russie et la Chine ont principalement joué dans cette guerre et qui sont entrain de peaufiner à terme compte tenu justement des leçons tirées pendant ces douze jours. Poutine l’a signifié clairement en répondant à une question d’un journaliste sur l’absence de la Russie pendant cette guerre alors que les Américains sont parties prenantes dès que les israéliens lèvent le doigt.
Demain
L’expérience vécue ces douze jours par les Israéliens lèvent les voiles sur toutes les supputations fallacieuses et erronées et de surcroît fait prévaloir une réalité certes acerbe à avaler mais demeure riche en vérité. La plus significative de cette fresque artistique est que l’adversaire ne peut se plier par des normes conventionnelles classiques et n’acceptera jamais d’être plier sans sacrifices et endurances. Donc il faut envisager autres moyens.
Du coup, il ne reste que deux scénarios se profilant à l’horizon. Les deux scénarios sont présidés et guidés par la certitude de l’escalade dans cette région géostrategique.
L’engagement américain dans une guerre terrestre après un bombardement massif aérien qui peut durer des jours.
Une guerre nucléaire expéditive, fulgurante et non déclarée des Israéliens en coordination bien sûr avec les américains et les autres larbins.
Les deux scénarios nécessitent forcément l’ingénierie fatidique d’un événement majeur de faux drapeaux où la victime serait sans aucun soupçon le méchant et le maudit IRAN. Le 11 septembre bis se prépare dans les coulisses du théâtre avant sa mise en scène. Serrez vos ceintures et préparez-vous au décollage. Sauf que la destination est inconnue.