On croit généralement que les électeurs américains ont élu Donald Trump président, au moins en partie parce qu’ils ont cru aux mensonges selon lesquels il incarnerait l’artisan de la paix contre l’implication des États-Unis dans les guerres stériles qui se sont multipliées depuis le 11 septembre. Le prédécesseur de Trump, le pitoyable génocidaire Joe Biden, a embourbé les États-Unis dans un conflit impliquant la Russie, puissance nucléaire, et a également armé, financé et protégé politiquement Israël, criminel de guerre, en soutenant son objectif ouvertement déclaré d’éliminer les Palestiniens. Aucun de ces conflits ne peut être fondé sur les intérêts réels des États-Unis. Ce qui a fait de Trump un meilleur choix que la glousseuse décervelée Kamala Harris, même si les électeurs auraient eu intérêt à examiner le bilan de Trump tout au long de son premier mandat, où il n’a guère été plus que le porte-voix d’Israël après avoir été largement corrompu pendant sa campagne par le magnat des casinos du Nevada, Sheldon Adelson [Ndt : dont la veuve, Miriam Adelson, a financé la dernière campagne électorale de Trump]. Trump et son ambassadeur en Israël, David Friedman, ont approuvé la répression des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza et également validé illégalement le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Trump a également permis à Israël d’annexer une partie du plateau du Golan syrien et a ordonné l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant des Gardiens de la révolution iranienne et considéré comme un ennemi majeur par Israël, tuant cet homme alors qu’il se trouvait à Bagdad, en Irak, pour des pourparlers de paix. Trump, comme son successeur Joe Biden, n’a jamais dit «non» au Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Quoi qu’il en soit, les cinq derniers mois ont démontré que pour trouver un homme (ou une femme) honnête à Washington, il faudrait Diogène et sa lanterne, sans grand espoir de trouver quelqu’un qui ne soit successivement une mauvaise blague, un incompétent ou un psychopathe vociférant. Les dernières semaines illustrent à quel point la situation est grave, même si la véritable crainte reste à venir si Trump se joint à Israël lorsque celui-ci violera le cessez-le-feu actuel et attaquera à nouveau l’Iran. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et Trump devront sans doute inventer un nouveau mensonge éhonté pour justifier leur bellicisme, car il est désormais clair que l’Iran n’avait pas de programme d’armement nucléaire.
Même en tenant compte des horreurs perpétrées par les États-Unis en tant qu’âme damnée d’Israël, on est néanmoins particulièrement frappé par les tournures malheureuses, les insultes verbales, y compris les menaces de violence physique de plus en plus fréquentes proférées par le bouffon censé être le président des États-Unis. Trump, prétendant négocier avec l’Iran, a également jugé bon de menacer d’«éliminer» le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, si l’Iran s’oppose à une capitulation sans condition. Il a affirmé connaître la «cachette secrète» d’Ali Khamenei, mais «ne le tuera pas pour l’instant». Trump a également interpellé le représentant Thomas Massie, l’un des hommes les plus intègres du Congrès, sur les réseaux sociaux, le traitant de «minable» pour avoir publié un message critiquant le président et ses bombardantes anticonstitutionnels des installations nucléaires iraniennes samedi soir sans déclaration de guerre. Pire encore, Trump s’est également livré à des crises de rage contre deux femmes journalistes remettant en question son affirmation selon laquelle il aurait «complètement et totalement anéanti» le programme nucléaire iranien, exigeant que la correspondante de CNN à la Maison-Blanche, Natasha Bertrand, soit «virée de CNN ! Je l’ai regardée trois jours propager de la désinformation. Elle devrait être immédiatement sanctionnée, puis virée comme un chien».
Ces dernières années, Trump a souvent affiché son mépris pour les canidés et a comparé à des chiens une longue liste d’ennemis présumés, notamment l’ex directeur du FBI James B. Comey, l’ancienne procureure générale par intérim Sally Yates et même son propre secrétaire d’État Marco Rubio. En tant qu’amoureux des animaux, j’ai trouvé l’expression de Trump particulièrement abjecte et je me suis demandé où a bien pu passer le sens éthique de la dignité et de la décence chez un homme occupant la plus haute fonction usant d’une telle expression. Et l’éventuel cerveau relié à la bouche proférant une telle expression, d’autant que ces dames ont fait allusion à un rapport divulgué par des analystes du gouvernement. Ledit rapport suggère que l’uranium enrichi et les centrifugeuses ont été déplacés des sites iraniens quelques jours avant que Trump n’envoie ses bombardiers B-2 les attaquer pour soutenir l’attaque d’Israël contre l’Iran des jours précédents. Les dégâts causés aux sites ont été jugés peu importants. À noter que les analystes de la Defense Intelligence Agency (DIA), l’agence du renseignement du ministère de la Défense, ont fait partie des sceptiques quant aux affirmations de Trump sur le programme iranien. Pour résumer, Trump a vraisemblablement dépensé des milliards de dollars pour bombarder avec succès des tunnels vides, et s’efforce depuis de prétendre le contraire.
Trump a également revisité ses tirades sur l’attaque contre l’Iran vers ce qu’il préfère qualifier de mépris de ses détracteurs vis-à-vis de l’armée américaine, qui a mené le bombardement sous ses ordres. Le président Trump et d’autres responsables de la Maison-Blanche suggèrent désormais que remettre en question la décision et l’efficacité du bombardement de l’Iran témoignerait d’un «manque de patriotisme» et «d’un désaveu de l’armée américaine». Ces affirmations rappellent la désastreuse guerre d’Irak de 2003, lorsque les sceptiques étaient simplement marginalisés par George W. Bush, qui les qualifiait d’anti-américains ou de «traîtres» pour avoir osé affirmer ne pas soutenir les troupes.
Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a évoqué le succès de l’opération en Iran lors d’une conférence de presse, et a répondu aux questions des journalistes, tandis que le président Trump, qui a lui-même échappé à la conscription pendant la guerre du Vietnam, a partagé son opinion sur les réseaux sociaux où il a publié :
«Le secrétaire à la Défense (à la Guerre !) Pete Hegseth, avec des représentants militaires, tiendra une conférence de presse cruciale demain matin à 8 heures (heure de l’Est) au Pentagone, afin de défendre la dignité de nos grands pilotes américains. Après 36 heures de vol dangereux en territoire ennemi, ils ont atterri, conscients de leur succès LÉGENDAIRE, et puis, deux jours plus tard, ils ont commencé à lire les fake news de CNN et du New York Times, ce journal en déclin. Ces héros se sont sentis terriblement trahis !»
Hegseth a répété le message de son patron à la Maison-Blanche aux médias, expliquant que
«Vous sapez le succès des incroyables pilotes de B-2, des incroyables pilotes de F-35, des incroyables ravitailleurs et des incroyables forces de défense des unités aériennes qui ont accompli leur mission et fait reculer un programme nucléaire dont d’autres présidents auraient rêvé. Pourquoi ne pas célébrer ce succès ? Pourquoi ne pas parler de ce qui fait de l’Amérique un pays si remarquable, seul à disposer de ces capacités ? Je pense que, malheureusement, c’est trop demander aux fake news».
Et puis, on a assisté à l’inévitable enchaînement, émaillé de mensonges, de messages malheureux suivant inévitablement chaque dérapage ou bévue d’un homme politique de premier plan. Dans un long message publié mercredi soir sur son compte Truth Social, le président Trump a exigé que le procès pour corruption du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, actuellement en cours en Israël, prenne fin immédiatement. Netanyahou et son épouse font l’objet de trois chefs d’accusation pour corruption, vol et abus de confiance. Trump, qui, en mai, ne parlait apparemment plus à Netanyahou et qui, mardi dernier, critiquait son gouvernement ainsi que l’Iran en déclarant :
«Nous avons essentiellement deux pays qui se battent depuis si longtemps et si durement qu’ils ne savent plus ce qu’ils font».
Mais Trump a vraisemblablement dû changer de ton sous la pression du lobby israélien et du Congrès, et défend désormais son ami criminel de guerre tout en se félicitant lui-même, écrivant :
«J’ai été choqué d’apprendre que l’État d’Israël, qui vient de vivre l’un des plus grands moments de son histoire et est dirigé avec fermeté par Bibi Netanyahou, poursuit sa ridicule chasse aux sorcières contre son Premier ministre en temps de guerre ! Bibi et moi venons de traverser l’ENFER ensemble, en combattant un ennemi de longue date d’Israël, un Iran remarquablement coriace et brillant, et Bibi n’aurait pas pu être meilleur, plus réactif ou plus fort dans son AMOUR pour l’incroyable Terre Sainte. N’importe quel autre aurait dû encaisser pertes, humiliation et chaos ! Bibi Netanyahou a été un GUERRIER, comme peut-être aucun autre guerrier dans l’histoire d’Israël, et l’issue, que personne ne pensait possible, s’est concrétisée par l’élimination complète de ce qui était potentiellement l’une des armes nucléaires les plus dangereuses et les plus puissantes au monde, ce qui était en passe de se produire, très BIENTÔT ! Nous nous sommes littéralement battus pour la survie d’Israël, et personne dans l’histoire d’Israël n’a combattu plus durement ou avec plus de compétence que Bibi Netanyahou. Pourtant, je viens d’apprendre que Bibi a été convoqué lundi devant le tribunal pour la poursuite de cette longue affaire à motivation politique…»
Et ainsi de suite, une profusion de mensonges et de dissimulations au point qu’on se demande quelles surprises nous attendent la semaine prochaine. Le brouillard de guerre s’est peut-être dissipé pour l’instant et le cessez-le-feu bidon entre Israël et l’Iran a mis fin au bain de sang pour l’instant, mais ne vous leurrez pas. Ce répit est destiné à permettre à un Israël épuisé de se réarmer avec des équipements fournis par les États-Unis, pour satisfaire les néoconservateurs et les partisans du «Grand Israël». Les tambours de guerre continuent de résonner, et le mouvement «America First» de Trump commence à se fracturer sous la pression, avec des divisions croissantes au sein du MAGA sur les guerres vaines engagées par les États-Unis au nom d’Israël. Telle faction veut rester en dehors des conflits étrangers, tandis que l’autre est prête à soutenir Israël sans retenue, quel qu’en soit le prix. Trump joue, consciemment ou non, son rôle habituel consistant à proférer des contradictions et à semer la confusion et l’anarchie chaque fois qu’il ouvre la bouche ou agit. Israël ne peut pas reculer, il ne peut que persister dans la voie macabre du sang et du massacre, et l’Iran ne capitulera pas. Le tout suggérant, à court et à long terme, une potentielle opération majeure sous faux pavillon menée par Israël pour entraîner les États-Unis dans une guerre totale contre l’Iran.