Quand Samson rencontre Dalila

On parle depuis longtemps de l’option Samson d’Israël. Bien sûr, les détails sont rares, car trop d’informations ne serviraient qu’à brouiller les pistes. Nous sommes tous censés nous terrer de peur sous nos bureaux et derrière nos meubles. Telle est la puissance des intimidations et l’efficacité redoutable de la peur. Les gouvernements et les ONG le savent, et c’est pourquoi ils instillent la peur pour faire avancer leurs programmes et atteindre leurs objectifs. Ils ont même le culot de qualifier cela de «démocratie», et la plupart des gens y croient, car les médias traditionnels colportent docilement toutes ces absurdités. Voilà comment fonctionne la mafia climatique.

La peur et l’intimidation sont également au cœur de la politique étrangère américaine depuis 1945. Pendant longtemps, la peur d’une guerre nucléaire a permis aux États-Unis d’imposer leur domination à l’échelle mondiale, à l’exception de quelques zones de conflit. Plus précisément, la peur d’une invasion soviétique (qui utiliserait des bombes nucléaires !) a été le principal outil pour maintenir l’Europe sous contrôle. Cet épisode est appelé «guerre froide». Bien sûr, une guerre froide n’est pas une guerre chaude, ni même une guerre tout court, mais malheur à ceux qui auraient osé le dire publiquement.

Puis, les États-Unis (et Israël) ont orchestré les attentats du 11 septembre, déclarant au monde entier y voir la preuve du «terrorisme islamique». Depuis, les passagers des avions du monde entier sont traités comme des détenus d’un camp de concentration nazi, tels que dépeints de manière poétique par Steven Spielberg dans «La Liste de Schindler». Au bout d’un certain temps, cependant, à l’instar d’une paire de baskets de mauvaise qualité, la peur se dissipe et doit être ranimée ou remplacée par une autre peur. Sinon, les gens cesseraient de croire à tous ces dangers imaginaires.

Il en va de même pour l’option Samson. On nous fait croire que si l’État voyou d’Israël est gravement menacé, le régime israélien est prêt à recourir à son arme ultime : la bombe nucléaire ! Tout un tas de rumeurs, de déclarations semi-officielles, d’avis d’experts et de prétendues preuves circulent depuis longtemps à propos des armes nucléaires d’Israël. De plus, comme Israël n’a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire, on suppose généralement qu’il a bel et bien développé de telles armes et dispose désormais d’un arsenal nucléaire conséquent. Parce que les juifs ont vécu l’Holocauste, beaucoup de gens dans le monde occidental pensent qu’il est logique, compréhensible et même légitime qu’Israël possède des armes nucléaires.

Supposons donc qu’Israël soit en possession d’armes nucléaires et qu’il soit en mesure de les utiliser. Le mois dernier, durant ce que Donald Trump a appelé la «guerre des douze jours» (en référence à la «guerre des six jours» de 1967 et aux «douze tribus d’Israël»), Israël a beaucoup souffert des retombées de ses propres agissements.

Depuis vingt ans, le régime israélien répète au monde entier que l’Iran est sur le point de fabriquer une bombe nucléaire. Si l’Iran venait à se doter d’un tel engin, ce qui, selon Bibi Netanyahou et d’autres, n’est qu’une question de temps, Israël n’aurait d’autre choix que de riposter par la force, y compris en recourant à «l’option Samson». C’est ainsi qu’il a attaqué l’Iran le 13 juin. Mais l’Iran a riposté vigoureusement.

Le régime israélien ayant promis de sévères sanctions à quiconque divulguerait des détails sur l’ampleur des dégâts causés par la riposte iranienne, il semble tout à fait plausible que ces dégâts soient considérables. La simple interdiction de divulguer l’information est en soi une indication que les dégâts sont effectivement considérables. En réalité, les dégâts semblent si importants et si graves qu’ils justifient l’«option Samson» en guise de réponse. En effet, si la défaite face à l’Iran ne constitue pas une raison suffisante pour recourir à cette option ultime, on est en droit de se demander ce qui pourrait l’être.

À ce stade, on peut s’interroger sur cette «solution Samson» et sur l’état de «l’arsenal nucléaire» israélien :

Israël possède-t-il vraiment des bombes nucléaires ?
Israël aurait-il bluffé depuis le début ?

Maintenant que Netanyahou commet son holocauste à Gaza depuis bientôt deux ans, massacrant sans pitié des centaines de milliers de civils innocents, bombardant des hôpitaux et abattant des survivants affamés venus mendier un peu de pain, pourquoi n’aurait-il pas ordonné la destruction de l’Iran avec ces fameuses bombes nucléaires israéliennes ? Ne me dites pas qu’il serait en proie à une inhibition morale, car il a démontré à Gaza que ce type de considération lui est étranger. Il lancerait certainement une attaque nucléaire contre l’Iran sans sourciller. Si Netanyahou ne l’a pas fait, c’est que l’arsenal nucléaire israélien n’est peut-être pas aussi puissant qu’on le dit.

Que nous apprend donc le dernier épisode en date du théâtre sanglant au Moyen-Orient ?

La réponse semble évidente. D’une part, même si beaucoup pensent qu’Israël incarne le pouvoir illimité d’une petite élite composée de prêteurs (banquiers et autres financiers), de sionistes, de satanistes, de la «nobilia noire», de jésuites, de rosicruciens, de francs-maçons, de chevaliers de Malte, etc., la «guerre des douze jours» a avant tout démontré la puissance de la République islamique d’Iran. Contrairement à l’opinion dominante qui prévaut dans le monde occidental, l’islam ne semble pas constituer un obstacle à la soif de connaissance et à l’ingéniosité. Personne dans le monde occidental ne savait que l’Iran avait atteint un niveau technologique si élevé et qu’il était capable de fabriquer des armes plus performantes et plus efficaces que celles de l’Occident. Et même supérieures à tout ce dont disposent les Israéliens, pourtant réputés très avancés.

D’autre part, la récente défaite d’Israël face à l’Iran est également une défaite de l’État-nation à l’ancienne, Israël étant la manifestation la plus récente et la plus extrême de ce concept romantique. À l’instar de ses prédécesseurs européens du XIXe siècle, qui aspiraient à devenir des entités ethniquement et linguistiquement homogènes (l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Espagne, par exemple), l’État d’Israël a été proclamé en 1948 comme un État ethniquement exclusif. Des mesures ont immédiatement été prises pour expulser et éliminer tous ceux qui n’étaient pas juifs, mais ils étaient tout simplement trop nombreux pour être éliminés promptement et efficacement. Le processus de nettoyage ethnique se poursuit donc encore aujourd’hui et Israël n’a toujours pas atteint son objectif. Il semble également peu probable qu’il y parvienne un jour.

Bien au contraire. Israël est une anomalie politique en raison de ses mythes fondateurs et un État ethnique fort et unifié, fondé sur une seule ethnie numériquement importante, qui ne saurait être fondé sur les quelques juifs qui peuplent le monde. Si le régime israélien continue de terroriser et d’envahir ses voisins, l’avenir du petit État d’Israël s’annonce sombre, voire nul. Actuellement, on compte tout au plus 21 millions de juifs dans le monde, dont seulement un tiers vit en Israël ou possède un passeport israélien. Compte tenu de l’escalade de la violence au Moyen-Orient, il est peu probable que davantage de juifs abandonnent la sécurité de leur pays pour s’installer en Israël, du moins pas dans un avenir proche. Au contraire, ils semblent impatients de quitter la Terre promise et de s’installer dans des endroits plus sûrs.

L’avenir est plutôt promis aux grands États multinationaux et multiethniques, comme la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, la Fédération de Russie (qui compte même un État juif à l’intérieur de ses frontières), l’Indonésie, le Nigeria, et peut-être même l’UE, si les Européens parviennent à se débarrasser du gang de criminels qui la dirige actuellement. L’Iran, lui aussi, appartient à la catégorie de ces grands États multiethniques.

Le conflit actuel entre l’État juif et l’État multiethnique iranien se soldera par une défaite pour l’État juif. C’est la raison pour laquelle le régime israélien a demandé, ou plutôt ordonné, à Donald Trump d’appeler à une trêve. Ce faisant, le régime israélien a prouvé que l’option Samson n’est qu’un pur produit de l’imagination.

D’ailleurs, si Israël dispose réellement d’armes nucléaires, pourquoi demanderait-il à Trump de bombarder l’Iran, comme le suggèrent certains analystes ?

C’est comme si Samson, au lieu de décider de détruire le grand temple philistin du dieu Dagon à Gaza, s’enfuyait pour se jeter dans les bras de Dalila, la femme qui l’a trahi, afin de pleurer sur l’injustice dont il a été victime.

Remplacez Samson par Netanyahou, Dalila par Trump, et le tableau est complet.

L’option Samson. Oui, bien sûr.

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