La guerre des Émirats arabes unis contre les musulmans : du Soudan au génocide de Gaza

Alors que les Émirats arabes unis se présentent comme un artisan de la paix et un opposant au prétendu « radicalisme islamique », ils sont actuellement impliqués dans des génocides à Gaza et au Soudan. Établir ces liens est essentiel pour comprendre les objectifs globaux du régime.

Les Émirats arabes unis se sont forgé une image d’innovateur, de bâtisseur et d’artisan de la paix, une illusion soigneusement orchestrée, aussi artificielle que les bâtiments qui fascinent les visiteurs à Dubaï. Mais derrière cette architecture et cette façade somptueuse se cache un noyau corrompu qui contribue à l’érosion de la région environnante.

Tout en prétendant s’opposer à « l’islam radical » et en rémunérant des influenceurs sans talent pour attaquer des groupes comme les Frères musulmans, ils encouragent les idéologies extrémistes et soutiennent des groupes militants liés à Daech pour réaliser leurs ambitions régionales.

Malgré toutes les critiques que l’on peut adresser à des groupes comme les Frères musulmans et au Qatar, ils sont bien loin des représentations orientalistes qui en sont largement diffusées par la propagande émiratie.

La raison pour laquelle les Émirats arabes unis s’attaquent à l’idéologie de groupes liés aux Frères musulmans ou en faisant partie n’a rien à voir avec leurs motivations religieuses, mais tout à voir avec l’opposition émiratie à leur programme politique.

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Pour eux, tout mouvement islamique politiquement engagé capable de diriger un pays et d’organiser des institutions démocratiques représente une menace, car il s’agit d’une dictature entièrement soumise à ses maîtres occidentaux, notamment Israël.

La dimension islamique de ces mouvements les menace d’autant plus qu’elle est populaire et constitue la religion à laquelle adhère, sous une forme ou une autre, la majorité de la région.

Si un mouvement islamique anti-impérialiste venait à réussir et à instaurer un processus démocratique, leur pouvoir serait menacé. C’est pourquoi ils cherchent à saper, infiltrer et détruire ces mouvements partout où ils se manifestent, y compris dans la bande de Gaza.

Le Hamas, ou Mouvement de résistance islamique, est issu des Frères musulmans égyptiens. Ses origines remontent aux années 1970 et à la formation, dans la bande de Gaza, du mouvement social et civil connu sous le nom de Mujamma al-Islamiyya, alors communément appelé Frères musulmans, car il représentait la branche palestinienne du mouvement.

Par conséquent, le succès et la popularité du Hamas, perçu par les Émiratis comme faisant partie d’un ensemble plus vaste de mouvements politiques islamiques, sont interprétés comme une menace pour leur pouvoir régional.

Afin de saper les perspectives de leadership politique islamique démocratique, les Émirats arabes unis ont eu recours à des confrontations militaires et à d’intenses campagnes de propagande. Sur ce plan, ils sont rejoints par d’autres dirigeants du Golfe, poursuivant également leurs propres objectifs. Ces derniers financent non seulement une propagande anti-Hamas ou anti-Frères musulmans, mais alimentent aussi les divisions religieuses.

L’un des moyens les plus efficaces de cette propagande clivante consiste à cibler directement les musulmans eux-mêmes, en particulier la majorité sunnite de la région. Tout en propageant une rhétorique sectaire contre les chiites, ils cherchent à pacifier la population sunnite, à la dissuader de s’engager dans des luttes anti-impérialistes et anti-occupation, ou à détourner sa colère vers d’autres musulmans.

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Ils procèdent ainsi en semant la discorde entre les principales écoles de pensée sunnites et en instrumentalisant leurs propagandistes madkhalis pour dissuader toute action contre les prétendus dirigeants musulmans. Sans entrer dans les détails concernant les Madkhalis, comme pour tout groupe musulman, il existe toujours des nuances ; il s’agit d’un groupe de musulmans salafistes qui adhèrent aux diktats de leurs dirigeants et vont parfois jusqu’à justifier des actions de ces derniers interdites par l’islam.

L’objectif principal est de financer et d’attiser les divisions au sein du monde musulman, en canalisant la haine et en créant des débats autour de toute question susceptible de détourner l’attention des agissements d’Israël, des États-Unis et de leurs alliés dans la région. Une autre tactique majeure employée consiste à excommunier (takfir) ou à discréditer tout groupe musulman qui prend parti pour l’Iran, le Hezbollah, Ansarallah ou tout autre groupe chiite.

Encore une fois, cette opposition est totalement dénuée de fondement. Il s’agit de campagnes de propagande bien financées, conçues à des fins politiques pour saper la résistance à l’impérialisme, à l’occupation et au génocide. C’est par là qu’il convient d’examiner la situation à Gaza, puis au Soudan.

Les Émirats arabes unis affirment s’opposer au prétendu « radicalisme islamique », or ils sont aujourd’hui accusés de soutenir les groupes armés liés à l’EI opérant dans la partie de la bande de Gaza occupée par Israël. Non seulement les Émirats arabes unis sont accusés de coordonner directement leurs actions avec ces milices – composées de salafistes extrémistes liés à l’EI et à Al-Qaïda, de trafiquants de drogue et d’assassins – mais il existe même des preuves que les membres de ces escadrons de la mort circulent à bord de véhicules immatriculés aux Émirats arabes unis.

En opposition au Hamas, les Émirats arabes unis n’hésitent pas à soutenir des groupes collaborateurs israéliens qui comptent en leur sein des éléments sympathisants de l’EI et d’Al-Qaïda.

Pour revenir à la propagande clivante encouragée par les Émirats arabes unis, Ghassan Duhine, un membre important des Forces populaires (FP), milice soutenue par Israël à Gaza, a ouvertement cité des fatwas de l’EI déclarant le Hamas apostat pour justifier leurs massacres. L’EI a officiellement déclaré la guerre au Hamas en 2018.

Parallèlement, les Émirats arabes unis soutiennent depuis longtemps les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan, groupe actuellement accusé de génocide et qui a refait surface dans l’actualité après la prise d’Al-Fasher et d’autres zones du Darfour-Nord, entraînant la mort d’environ 527 personnes, dont des civils massacrés dans des camps de réfugiés.

Le chef des FSR, Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti), collabore depuis longtemps avec les Émirats arabes unis, et il a même été précédemment démontré que sa page Facebook officielle était gérée depuis les Émirats arabes unis.

Sans entrer dans les détails complexes de la guerre civile soudanaise, Hemedti est un chef de guerre qui a longtemps contrôlé la majorité des mines d’or du Soudan, massacrant quiconque osait se mettre en travers de son chemin.

Ses forces ont également été accusées par l’ONU et d’importantes organisations de défense des droits humains d’avoir commis des violences sexuelles de masse à grande échelle, notamment des viols d’une violence inouïe.

Hemedti a par ailleurs bénéficié de technologies révolutionnaires grâce à ses contacts au sein du Mossad israélien. Malgré les violations des droits humains documentées tant du côté de l’armée soudanaise que des RSF, il ne fait aucun doute que les forces d’Hemedti sont responsables du plus grand nombre d’atrocités et commettent les crimes les plus horribles du conflit.

Les Émirats arabes unis ne sont pas seulement un acteur parmi d’autres au Soudan ; ils sont le principal soutien des RSF. Selon une information exclusive publiée par The Guardian ce mardi, des armes britanniques vendues aux Émirats arabes unis auraient même été utilisées par les RSF pour perpétrer leur génocide.

Bien que les États-Unis aient qualifié les atrocités commises au Soudan de génocide, aucune mesure n’a été prise, sous l’administration Biden, contre les Émirats arabes unis pour leur rôle dans l’escalade du conflit. De même, les Émirats arabes unis ont été impliqués dans d’innombrables crimes commis dans la Corne de l’Afrique et en Afrique du Nord, soutenant toute une série de groupes militants extrémistes accusés de cibler indistinctement les civils.

Bien que cela soit également passé sous silence par les grands médias occidentaux, les Émirats arabes unis ont même utilisé des membres des Forces de soutien rapide soudanaises (FSR) comme forces supplétives contre Ansarallah au Yémen, où ils ont été accusés d’avoir joué un rôle dans ce que beaucoup qualifient de génocide. Il convient de rappeler que près de 400 000 personnes ont été tuées au Yémen en raison du blocus inhumain et de la guerre d’agression menés conjointement par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Les Émiratis diffusent une propagande accusant l’armée soudanaise d’être « islamiste », la qualifiant d’affiliée aux Frères musulmans et l’associant à diverses organisations. Ansarallah, au Yémen, est également qualifié d’« islamiste », mais accusé d’être un « mandataire de l’Iran ». En substance, cette propagande relève de la hasbara israélienne classique, utilisée pour justifier des crimes de guerre odieux.

Durant le génocide de Gaza, les Émirats arabes unis furent parmi les rares pays à maintenir leurs vols réguliers vers l’aéroport Ben Gourion et à acheminer du matériel pour soutenir les Israéliens. Les Émiratis ont également fait de Dubaï un refuge pour les Israéliens, où des soldats impliqués dans le génocide peuvent faire la fête, consommer des stupéfiants, recourir aux services d’escortes et vivre dans le luxe.

Les Émirats arabes unis n’ont rien fait pour contraindre Israël à autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, bloquant l’entrée de tous les camions d’aide pendant près de trois mois en début d’année. Ils mettent ensuite en avant les maigres quantités d’aide qu’ils fournissent comme preuve de leur soutien à la population. Pour leur défense, ils prétendent avoir joué un rôle clé dans l’obtention d’un cessez-le-feu, ce qui est dénué de tout fondement, tout comme il n’existait aucune preuve de leur implication dans l’arrêt de l’annexion de la Cisjordanie lors de la normalisation de leurs relations avec Israël.

Considérer les Émiratis comme agissant de leur propre chef et les tenir pour seuls responsables de leurs actes est une erreur. Ce sont des dirigeants installés par l’Occident, qui travaillent pour eux et ne sont que des pions, des instruments au service de leurs maîtres. Si l’un de leurs dirigeants s’oppose aux crimes perpétrés par les Émirats arabes unis, il sera assassiné et remplacé par un autre membre de la famille dirigeante, prêt à se soumettre. Ils sont des otages, se faisant passer pour des dirigeants et participant au démantèlement de la région.

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